De tous les temps, les autorités politiques et techniques des différents régimes qui se sont succédés ont développé l’idée selon laquelle l’élevage constitue la seconde mamelle de l’économie du Niger après l’agriculture.
En effet, l’élevage constitue la seconde richesse du Niger après les ressources minières. C’est la principale source de mobilisation des ressources des collectivités locales à travers leurs taxes de marchés, et d’abattage.
C’est aussi la source d’une alimentation complète de l’homme avant de lui être la source plus sûre de l’épargne familiale. Néanmoins l’Etat nigérien n’intervient que pour un dixième (1/10) dans le financement effectué au profit de l’agriculture déjà sous financée. Durant les années 1980 -1990 le Niger s’est engagé dans le processus du Programme d’Ajustement Structurel, en optant pour le désengagement de l’Etat dans des secteurs stratégiques parmi lesquelles on compte les secteurs de l’agriculture et de l’élevage, sans être une réelle couverture. A cela s’ajoute le fait que la gestion de l’élevage est soumise à des crises institutionnelles aggravées par une dualité législative (modernité – coutume) assez déterminante dans la décentralisation et le développement local de tous les pays du Sahel comme le Niger. En analysant de près cette situation, il est aisé de comprendre que le domaine de l’élevage reste et demeure encore très fragile à telle enseigne que, si l’on ne prend garde, il risque de disparaître. Il fallait donc tout faire pour créer les conditions afin d’assurer à l’élevage un réel sursaut pour le bien être de la population nigérienne. C’est donc conscient de ce constat que des fils d’éleveurs ont décidé de prendre toutes les dispositions susceptibles de leur permettre de sauver l’élevage. Pour cela, ils se sont dit qu’ils ont hérité d’une organisation traditionnelle qui a fait ses preuves depuis des temps immémoriaux, alors que la modernité, n’a pas créé le miracle longtemps espéré. Ils ont ainsi décidé de reconsidérer ces organisations afin de rendre plus dynamique le système de gestion durable du secteur de l’élevage. C’est ainsi que l’idée de l’Association pour la Redynamisation de l’Elevage au Niger (AREN) a germé pour être créée, avec l’émergence des organisations de la société civile, le 19 juin 1990 et obtenir son arrêté de reconnaissance n°20/DAPJ/MI le 14 février 1991.
LES FONDEMENTS DE L’AREN
Les fondateurs de l’AREN, au nombre de 12, sont des éleveurs et des fils d’éleveurs mandatés par leur communauté pour toute réflexion susceptible d’asseoir un réel développement de l’élevage.
A la création de l’association, une analyse des contraintes que rencontrent les éleveurs est faite par rapport à l’accès et au contrôle des ressources naturelles dans un contexte socio politique et économique très particulier caractérisé par :
Au plan climatique, les séquelles des sécheresses cycliques avec des déficits alimentaires pour les hommes et des déficits fourragers pour le bétail, une dé-capitalisation du cheptel des pasteurs avec un transfert important de propriété vers les commerçants, les fonctionnaires, l’apparition d’une couche d’éleveurs démunis ;
Au plan socio économique, une croissance démographique galopante, la dégradation des ressources naturelles, l’exacerbation de la concurrence entre les éleveurs et les agriculteurs pour les ressources naturelles, notamment les espaces pastoraux traditionnels (aires de pâturage au nord, enclaves pastorales au sud, points d’eau pastoraux, couloirs de passage du bétail) du fait de leur occupation par les cultures, les villages et autres infrastructures, la multiplication et la fréquence des conflits, parfois violents et meurtriers, les traitements injustes et dégradants infligés aux pasteurs lors du traitement des litiges ;
Au plan politique, le pays sortait tout juste d’une longue période d’exception caractérisée par l’existence d’un régime militaire, le poids important de la chefferie traditionnelle sur le foncier pastoral notamment, la mise de côté de l’aspect élevage par l’Etat et son désengagement dans la prise en charge des questions de santé animale ;
Au plan institutionnel l’amorce du processus de décentralisation avec la communalisation intégrale et le transfert d’un nombre important de compétences aux communes, la démocratisation et l’émergence de la société civile au Niger.